Pour cette nouvelle rencontre, je vous invite à découvrir Christophe, sapeur pompier sauveteur nautique. Contrairement à Emmanuel saunier sur l’île de Ré, je connais déjà Christophe puisque nous travaillons dans la même collectivité. Cependant, son parcours m’a intéressée, c’est pourquoi je vous le présente.

Faisons connaissance avec Christophe

Christophe, 50 ans, travaille dans une collectivité territoriale à Saintes. Toutefois, depuis 2013, chaque été, il devient sapeur pompier sauveteur nautique sur les plages de la Charente-Maritime. Je l’ai retrouvé sur l’île d’Oléron, au poste de secours de la plage des Huttes proche du phare de Chassiron et de Saint-Denis d’Oléron. C’est là, sur cette magnifique plage qu’il encadre en tant que chef de poste, 6 autres sauveteurs.

C’est un peu « Alerte à Malibu » sur l’île d’Oléron, mais sans Pamela …

pompier sauveteur nautique
Christophe face à la mer attentif au moindre incident

Métier passion – Sapeur pompier sauveteur nautique

Quand on lui demande pourquoi il a choisi de faire ce métier, il répond sans hésitation « par passion ». Certes, la passion est un peu tardive puisqu’il a passé son examen à 45 ans mais c’est un métier qu’il a toujours voulu faire.

Il lui aura fallu un an de formation afin de passer les brevets de secouriste PSE1 et 2, nécessaires pour le secours en mer. En effet, l’utilisation de matériel pour le sauvetage en mer comme les bouteilles d’oxygène par exemple, implique un diplôme spécifique. « J’ai également le Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique BNSSA pour la surveillance et le secours aquatique ».

« Et pour finir, pour devenir sauveteur nautique au sein des sapeurs-pompiers du département de la Charente-Maritime, il faut effectuer chaque année un stage mer sur 5 jours. On y apprend les gestes qui sauvent sur des plages dites physiques, comme à Saint-Trojean sur l’île d’Oléron ».

Vous l’aurez compris, on ne devient pas sapeur pompier sauveteur nautique par hasard.

Christophe, étant blagueur, quand je lui demande les qualités qu’un sauveteur doit avoir, du tac au tac : « jeune et beau ». « En fait, il faut être patient, persévérant, avoir beaucoup d’humilité et toujours garder son devoir de réserve ».

Une journée à la plage… pas si idyllique que ça pour Christophe !

« Tout d’abord c’est une mise en condition tranquille, sans trop de monde sur la plage. Ensuite, on ouvre une demi-heure avant la surveillance pour la mise en place. C’est une journée qui monte au fur et à mesure en puissance pour finir par courir dans tous les sens.
La plage des Huttes est une des plages les plus compliquées. Le matin on peut avoir un plan d’eau tranquille et dès l’instant où l’on passe un mètre de vague ça commence à devenir sérieux. On sait qu’il va falloir être résistant et que le travail ne s’arrêtera que lorsqu’il sera terminé et pas quand on sera fatigué.

De 5 à 6 sauveteurs en semaine, on passe à 7 le dimanche avec une moyenne de 9 à 10 heures par jour. Une journée de repos hebdomadaire bien méritée pour tout le monde. Sur la Charente-Maritime, on compte 380 pompiers sauveteurs nautique. Dont 90 % dépendent du SDIS 17, Service Département d’Incendie et de Secours ».

Les sapeurs pompiers sauveteurs nautique du SDIS 17

Une surveillance constante pour la sécurité de tous

Christophe et ses collègues ont en charge la surveillance d’une bande de 100 m de plage sur 300 mètre au large. Sur d’autres plages, cela varie de 50 à 150 mètres, voire de 200 à 800 mètres de large parfois. En tant que chef de poste, c’est Christophe qui décide de la couleur de la flamme. Quand il sent que la mer change, qu’elle devient dangereuse, la flamme orange est levée immédiatement. Quand on hésite, c’est déjà trop tard, il n’y a pas une seconde à perdre, surtout quand les baïnes ou les chasses commencent à partir.

pompier sauveteur nautique
Le poste de secours des Huttes, drapeau vert… mer calme… baignade autorisée

Sur une plage, on peut voir des flammes de différentes couleurs, c’est vraiment en fonction des conditions. Toutefois, sur l’île d’Oléron, la flamme rouge est rarement hissée contrairement aux plages des Landes.

La surveillance s’effectue au fur et à mesure de la marée. Comme dit Christophe, « on s’adapte à elle. Ici, la zone est mouvante puisque la particularité de la plage est la présence de « chasses d’eau » partout. Ce sont des courants qui se créent au gré de la marée. En fait, c’est l’équivalent d’une chasse d’eau… ça part d’un coup et le courant peut emporter les nageurs jusqu’à une centaine de mètres au large ».

Le saviez-vous ? On repère une « chasse d’eau grâce à son bouillon de sable marron, l’équivalent d’un champignon nucléaire horizontal.

Baïne ? Vous avez dit baïne…

Le sauveteur repère la baïne grâce à l’absence de vague lorsqu’elle se vide en mer. Il y a des vagues de part et d’autre, mais pas à l’endroit du courant. Elle est active en permanence dès lors que l’eau passe dessus. Mises à part les quelques turbulences, comme de l’eau qui boue sur le dessus de la baïne, celui qui ne sait pas la repérer ne la voit pas.

baïne
La baïne, lieu de tous les dangers, devient une pataugeoire à bébé à marée basse

Les conseils de Christophe face à une baïne

Si vous sentez que vous êtes emporté au large, fort de son expérience, Christophe vous conseille d’essayer de garder votre calme. C’est facile à dire, mais dans la panique c’est autre chose, personnellement, je ne sais pas comment je réagirais.

Par ailleurs, se laisser emporter et ne pas affronter le courant est une bonne solution. Ensuite, sur le dos, la tête vers l’horizon et les pieds vers la plage on pourra revenir sur les côtés ou par le fond.

Cependant, le plus sage, lorsque l’on sent que l’on est emporté vers le large, c’est d’alerter, de faire des signes et de crier. Le sauveteur nautique viendra vous récupérer.

« Si j’ai un seul conseil à donner, c’est de se baigner dans les zones surveillées. C’est comme en ski, les accidents n’arrivent jamais sur les pistes banalisées. Alors, restez entre les poteaux de surveillance car les accidents n’arrivent pas qu’aux autres ».

Ce qu’on observe en général sur les plages, c’est que les vacanciers ne sont pas respectueux des consignes. Pourtant, celles-ci sont mises en place sur les panneaux d’informations aux accès de la plage. Mais les touristes sont plus intéressés par la température de l’eau que par la prévention.

pompier sauveteur nautique
Le panneau d’information et de consignes de sécurité à l’entrée de chaque plage

La vigilance est de mise  pour le sapeur pompier sauveteur nautique

Mis à part les dangers de la mer, on peut être soumis à d’autres dangers sur la plage. En effet, coups de chaleur et insolations sont des incidents communs. Il y a également les galets qui peuvent provoquer des blessures lorsqu’ils sont brassés dans les rouleaux. Grâce à la communication entre les postes de secours, un enfant qui se perd, est retrouvé relativement vite.

A savoir : Le pire ennemi du sauveteur pour Christophe c’est bien sûr la noyade. Toutefois celle-ci arrive très peu en zone de bain. Il y a aussi le malaise à plat ventre d’un baigneur, car c’est très difficile à remarquer. En effet, on peut penser que la personne fait de l’apnée alors qu’elle a fait un malaise.

pompier sauveteur nautique
Grâce à cette bouée tractée, le sauveteur peut vous ramener en toute sécurité sur la terre ferme

Un bureau avec vue mer

« Ce travail m’apporte essentiellement du bien-être que je ne trouve pas dans mon autre métier. Cependant, j’ai la chance d’avoir deux métiers que je peux concilier.  Je suis tellement content de donner le goût de l’effort et le fruit de ma passion.

De plus,  le fait de travailler à l’extérieur, fait que le bureau windows change tous les jours. Et puis ici, on est face à une des plus belles baies au monde. Bon ok ! J’habite ici, alors, je suis un peu chauvin sur ce coup-là.

La plus belle baie du monde selon Christophe… certes un peu chauvin

Ce métier peut paraître idyllique comme aujourd’hui avec le soleil. Cependant, sous la pluie ou le soleil 9 à 10 heures par jour sans se baigner avec la réverbération ce n’est pas si simple. Parfois, on entend les gens dire qu’on est payé à ne rien faire, mais ça fait partie de ce métier. Et puis, même si je suis chaque jour à la plage, curieusement, il est rare que sur la saison estivale j’aille me baigner ».

pompier sauveteur nautique
Pour plus de sécurité, les tours de surveillance se font à deux

Pour ce qui est des relations avec les baigneurs, Christophe souligne qu’elles sont vraiment restreintes. En effet, sur la plage des Huttes, il n’y a pas trop de lien avec les touristes puisque le poste de secours est excentré de l’accès plage. De plus, c’est une plage de vacanciers qui changent tous les quinze jours, voire toutes les semaines.

plage des huttes
La plage des Huttes, une baie à priori paisible et pourtant si dangereuse parfois

A fond la forme pour être sapeur pompier sauveteur nautique !

Etre en bonne condition physique pour exercer ce métier est primordial. Aussi, des entraînements réguliers sont nécessaires. Il y a un entraînement de secouriste au centre de secours des zones de baignade et au moins deux entraînements physiques par semaine. De plus, on compte un entraînement mensuel de secteur qui a lieu sur Oléron.

Et la vie de famille dans tout ça ?

Ce n’est pas simple pour Christophe de concilier son métier passion avec sa vie de famille, même si ce n’est que sur deux mois. Cependant, avec les emplois du temps de chacun, la vie de famille trouve tout de même son équilibre entre week-end et mercredis. Il a même un peu de temps à consacrer à son autre passion, la moto.

sapeur pompier sauveteur
Les informations sont données à distance pour plus d’efficacité

Si c’était à refaire ?

« Je recommencerai sans hésitation, mais 20 ans plus tôt.

De plus, maintenant que je suis formateur au centre de secours des zones de baignade de Royan au sein du SDIS 17, je ne suis pas prêt de m’arrêter. J’enseigne avec mon regard, mon analyse sans pour autant détenir la vérité. Ma vérité est basée sur mon expérience et l’enseignement et l’apprentissage doivent être un partage.

Pour conclure, je dirai que seul on va vite. A plusieurs on va plus loin. »

Voila, ainsi s’achève mon entretien avec Christophe. Je le retrouverai début septembre à son retour au bureau avec vue sur un écran d’ordinateur. Pas de quoi le faire rêver… seulement le faire patienter jusqu’à la saison prochaine pour qu’il retrouve la sérénité et le bien être que lui procure ce métier.

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