Sentinelle de la mer, gardien de l’estuaire de la Gironde, le phare de Cordouan est le garant depuis plus de 400 ans de la sécurité des bateaux.
Deuxième phare au monde inscrit sur la prestigieuse liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité, le phare de Cordouan intègre ce fabuleux palmarès le 24 juillet 2021.
Bien que se trouvant géographiquement sur le département de la Gironde, je ne peux que vous conseiller de partir à la découverte de ce joyau des mers. A quelques kilomètres au large de Royan, il est fièrement posé sur un grand plateau rocheux. Au beau milieu de l’estuaire, le phare de Cordouan en impose avec ces 67.5 mètres de haut et ses 16 m de diamètre. Pour en atteindre le sommet, vous serez parmi les 22 000 visiteurs annuels à gravir les quelques 301 marches. Après cela, la récompense sera égale à l’effort fourni, la vue sera à couper le souffle, enfin s’il vous en reste encore…
L’histoire du roi des phares
Appelé également le Versailles des mers, c’est aujourd’hui le symbole de l’estuaire de la Gironde. Mais il aura fallu plusieurs siècles avant que le phare de Cordouan soit totalement achevé.
C’est à la fin du 14è siècle qu’est érigé un premier édifice pour sécuriser l’estuaire et ainsi permettre l’essor du commerce des vins de Bordeaux entre autres. A cette époque, ce sont des moines qui sont chargés de l’entretien de la lanterne.
En 1582, le commerce fluvial est en plein essor et le roi Henri IV charge l’architecte Louis de Foix de construire un nouvel édifice. Celui-ci ne voit pas l’aboutissement de son œuvre puisqu’il meurt avant. C’est son fils qui poursuivra les travaux. Il aura fallu une trentaine d’années pour achever l’élévation du phare de Cordouan et allumer sa lanterne en 1611.
Les ravages du temps
Cependant, un siècle et demi plus tard, les nombreuses tempêtes d’hiver et les conditions climatiques ont eu raison du bel édifice royal. Son délabrement semble inéluctable. C’est sous le règne de Louis XVI que d’importants travaux de reconstruction sont effectués en 1782 par Joseph Teulère.
Le phare de Cordouan prend alors de la hauteur, puisqu’une surélévation d’une vingtaine de mètres est construite. Ainsi, ses 60 m de hauteur permettent à sa lumière constituée de lampes à huile d’augmenter sa portée.
C’est seulement en 1823 que l’ingénieur Augustin Jean Fresnel installe sa première lentille à système tournant, lentille qui est utilisée encore aujourd’hui dans la plupart des phares du monde. Celle-ci sera en fonctionnement jusqu’en 1948 où le phare sera électrifié au moyen de groupes électrogènes. Aujourd’hui, ses 3 lumières ont une portée d’environ 40 kilomètres.
Le phare de Cordouan est classé monument historique en 1862 en même temps que Notre Dame de Paris. Il est en passe d’être inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les trésors du phare de Cordouan
Le phare de Cordouan n’usurpe pas son surnom de phare des rois. En effet, il a été commandé par un roi et construit comme un château.
Du premier au troisième étage
En son premier étage l’appartement du roi vous accueille alors qu’aucun roi n’a eu la chance d’y séjourner. Dommage, car quoi de plus unique que de venir rêver en ce lieu. Levez le nez et découvrez les lettres LMT sculptées dans la pierre, trigramme de Louis XIV et de son épouse Marie-Thérèse d’Autriche.
Au second étage, vous serez étonné, je pense comme je l’ai été, d’y trouver une magnifique chapelle. La chapelle de Notre Dame de Cordouan, est ornée de fresques, de vitraux et de blasons royaux. Quelques cérémonies y sont encore données plusieurs fois par an.
C’est au troisième étage que l’on arrive à la salle des Girondins. C’est à cet endroit que la surélévation s’est effectuée. Cette salle est également appelée le « Cœur de Cordouan », en référence à la forme que prend la jonction entre l’escalier de pierres et l’escalier de bois menant à l’étage supérieur.
Du troisième étage à la lanterne
Au quatrième étage se situe la salle du contrepoids. Dans cette salle un contrepoids entraînait une machine permettant d’alterner les temps d’obscurité et de lumière de la lanterne.
C’est la salle des lampes que vous trouverez au cinquième étage. Là étaient entreposés les matériaux servant de combustibles à la lanterne et plus tard les groupes électrogènes.
Ce n’est pas fini, vous êtes au sixième étage dans la salle de veille, petit bureau tout lambrissé de bois ciré avec deux alcôves accueillant les lits des gardiens. De là, ils surveillaient le bon fonctionnement de la lanterne.
Quant à l’ultime étage, bien sûr, vous l’avez deviné, c’est la place de la lanterne. Avec une ampoule de 250 watts, elle sécurise une zone de près de 40 km au large.
Tout au long de votre progression, vous verrez à chaque étage un puits central. Celui-ci servait au passage du combustible nécessaire à l’alimentation de la lanterne à l’aide d’une poulie.
Vous marcherez sur un dallage digne d’une salle de bal, fait de marbre blanc, gris ou noir.
Vous gravirez le sublime escalier hélicoïdal en pierres provenant essentiellement des carrières de Crazannes en Saintonge qui est sans doute aussi beau qu’à l’origine. Les pierres taillées bien souvent d’un seul bloc sont jointes sans aucune possibilité d’y insérer une lame de couteau.
La vie aujourd’hui sur le phare de Cordouan
En 1980, alors que l’état veut se séparer de ce fleuron architectural, c’est grâce à l’association pour la sauvegarde du phare que celui-ci est maintenu et restauré. Mais, avec l’automatisation de tous les systèmes, le 29 juin 2012 les derniers gardiens du phare de Cordouan rendent les clefs.
Cependant, le phare reste le seul de France à être encore habité et ce sont donc 4 gardiens, qui par roulement de 2, se relaient toutes les deux semaines.
En effet, même si tout est automatique, il faut toutefois veiller le roi des phares, l’entretenir, s’assurer que tout se passe bien durant les tempêtes d’hiver.
Et quant à la belle saison, les gardiens du phare de Cordouan deviennent guides touristiques. Ce sont près de 22 000 visiteurs qui se pressent chaque année pour visiter ce phare mythique.
Alors n’hésitez pas à venir les écouter parler de leur expérience, de la vie à bord de ce fabuleux édifice, des anecdotes et de l’histoire de ce lieu.
Mouiller sa chemise ou plutôt son pantalon pour aborder le phare des rois Cordouan
Certes vous devrez mériter cette visite, puisque pour accéder au phare de Cordouan, il faudra faire avec les marées et parfois se mouiller un peu, voire beaucoup pour l’atteindre.
En effet, au fil des ans, des tempêtes, des marées et des forts courants, la géographie des lieux ne cesse de changer. Les courants de l’embouchure de l’estuaire de la Gironde sont propices à la formation de bancs de sable gigantesques.
Aussi, peu à peu, le roi des phares se voie encerclé. Si il y a quelques années, les bateaux accostaient facilement à sa base, c’est au bout de ces bancs de sable qu’ils vous débarqueront aujourd’hui. Vous en serez quitte pour une quinzaine de minutes de marche sur les bancs de sable. Attention toutefois car vous devrez parfois vous mouiller bien plus haut que les genoux. Mais quand on voit à l’horizon la silhouette majestueuse de Cordouan, on ne peut qu’y prendre du plaisir. Prévoyez pour l’occasion des chaussures adaptées et ne soyez pas surpris, l’eau est froide.
Côté pratique
Le phare n’est pas ouvert toute l’année et les croisières sont soumises aux conditions climatiques, consulter les conditions, horaires et tarifs sur le site officiel du phare de Cordouan.
Plusieurs compagnies proposent des croisières au phare de Cordouan. Vous aurez le choix, entre une croisière dans l’estuaire avec vue sur le phare ou une croisière incluant la visite du phare et du temps libre sur l’îlot. Compter entre 4 et 6 heures. Les croisières sont disponibles en fonction des marées.
- Les croisières La Sirène au départ de Royan
- Cordouan Croisières au départ de Royan
- Les croisières Côte de Beauté au départ du port de Meschers sur Gironde
- Et si vous êtes de l’autre côté de la Gironde, les croisières La Bohème au départ du Verdon
Certes, le phare de Cordouan un incontournable de votre séjour en Charente Maritime. Toutefois, j’ai choisi de mettre la note maximale parce que cet endroit est plus que magnifique. J’ai visité d’autres phares ici et en Bretagne, mais aucun ne m’a autant intéressée que celui-ci. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme le Versailles des mers. Que ce soit son architecture, son mobilier, ses sculptures ou son emplacement tout en ce lieu est sublime. Alors je vous invite à partir à la découverte du roi des phares, le phare de Cordouan.
Le p’tit conseil en plus : J’ai fait la visite du phare de Cordouan au départ de port de Meschers. Certes la croisière est un peu plus longue, mais vous aurez le plaisir de découvrir les falaises de calcaire et leurs grottes habitées qui surplombent la Gironde et d’admirer le magnifique village promontoire de Talmont sur Gironde, classé plus beau village de France.
Où poser ses valises ?
Côté campings, vous trouverez certainement votre bonheur avec mon partenaire chez qui je suis affiliée, Eurocamping
Le coin des lecteurs
- Le phare de Cordouan, huitième merveille et moderne de Anastase Raymond et Renée Leulier
- Une vie sur Cordouan de Elisabeth Vaesken-Weiss et Bruno Vaesken
- Les 301 marches de Cordouan, ma vie de gardien de phare de Didier Prion
- Visiter le phare de Cordouan de Alexandrine Civard-Racinais
- Cordouan roi des phares de Frédéric Chasseboeuf
- La route des 4 phares, Cordouan, Les Baleines, Chassiron et la Coubre de René Faille et Philip Plisson